C’est avec la publication du premier volet du cycle Le Roi merveilleux, Les Cheveux noirs de Nicolas Rignault que les éditions Hic Sunt Dracones ont choisi d’inaugurer leur aventure littéraire.

 Le Roi merveilleux n’est pas un roman de fantasy comme un autre. Nous avons du reste beaucoup hésité avant de lui attribuer un genre et nous nous y sommes résolus par commodité car notre époque aime les cases. Ainsi, l’avons-nous proclamé oeuvre de fantasy de par sa conformité toute formelle à la définition même du genre de la fantasy littéraire. Cependant, ce texte, par la transgression de codes qu’il opère, se dérobe à toute tentative de classification. D’une certaine manière, il crée son propre genre.

 Son titre même semblerait indiquer des affinités avec le merveilleux ; celui de la littérature arthurienne à laquelle il emprunte personnages et motifs. Mais l’on se méprendrait à imaginer la fée Morgane, l’enchanteur Merlin ou le chevalier Perceval tels que la tradition nous les a livrés. Tout comme l’on serait bien en peine d’y retrouver l’iconographie magique ou religieuse des romans arthuriens. Ici, le merveilleux est ailleurs et la quête première n’est pas celle du Graal.

 Proximité et distance par rapport à la matière de Bretagne, dont l’auteur a une connaissance intime, synthèse de motifs et de thèmes a priori incompatibles, contribuent à nous donner cette délicieuse sensation d’étrange familiarité. Un peu comme si l’on retrouvait une vieille connaissance dans un pays lointain et sauvage, une personne qui serait comme un point d’ancrage et rendrait l’étrange moins étrange. A moins qu’il ne se produise le contraire, la figure familière rendant la situation plus étrange encore.

 Tel est ce premier volet du cycle du Roi merveilleux : à la fois fidèle et iconoclaste, il acculture nos chevaliers et nos fées, transplantant, et, ce faisant, transfigurant, les symboles arthuriens, dans un univers insolite, fait du charbon de la révolution industrielle et des costumes rayés des années Trente.

 Là encore, on aurait tort de limiter ce texte à une simple variation « tiepunk » (nous avons bien le « punk vapeur », pourquoi pas le « punk cravate » ?) des romans de Chrétien de Troyes. Car cette matière de Bretagne malmenée, décalée, travestie, reconfigurée, respatialisée n’est sans doute que le magnifique prétexte d’une quête psycho-esthétique, d’une odyssée vers les profondeurs de l’âme humaine.

Pour vous procurer un exemplaire de l’ouvrage, rendez vous sur notre Comptoir.

Quelques avis de lecteurices

Une OLNI – Oeuvre littéraire non identifiée

Façonneur chez l’imprimeur Copy-Média, passionné de littérature et écrivain lui-même, Thybault Oberholtz lit les livres de Copy-Média et fait part de ses plus belles découvertes sur le blog de l’imprimeur. La dernière en date : notre Roi merveilleux – Les Cheveux noirs de Nicolas Rignault.

Lorsque j’ai ouvert Le Roi Merveilleux, s’inspirant des légendes arthuriennes, je m’attendais à quelque chose d’assez classique. Cependant, dès le premier chapitre, dans le dialogue entre le roi Loth et son épouse, on retrouve des éléments de la série télévisée Kaamelott.

Mais ne vous attendez pas à une histoire joyeuse et drôle. Il n’en est rien. Guenièvre est nymphomane, Perceval ne fait aucunement confiance à Arthur, ce dernier étant vraisemblablement trahi par ses sœurs, Merlin semble bien mystérieux. Bref, chaque personnage cache une noirceur qu’il ne peut dévoiler. Officiellement, ils se doivent d’être beaux et d’imposer leur puissance.

La force de l’auteur, Nicolas Rignault, est de ne pas placer l’histoire dans une époque précise.Par exemple, les personnages fument et vont à l’opéra… Le mythe du roi Arthur s’en trouve rafraichit. Ainsi, on ne peut classer cette œuvre dans une case bien définie. Les genres se mélangent : on trouve de la fantasy, du merveilleux, qui s’ancrent dans un univers industriel du début du XXème siècle.  L’écrivain a également une capacité incroyable à rendre les protagonistes empathiques, en sondant ce qu’ils sont intérieurement.

Un livre pour ceux qui aiment être dépaysés et qui n’ont pas peur de tomber dans une OLNI (Œuvre Littéraire Non Identifiée).

Incroyablement frais et innovant, ce livre est un petit bijou que je vous invite à découvrir rapidement.